Les premières floraisons de lin font leur apparition dans les champs. Une culture qui trouve de plus en plus sa place en Agriculture de Conservation des Sols, avec des agriculteurs faisant le choix de passer en semis direct. Quels sont les intérêts et les points de vigilance de ce type de culture ? Comment bien préparer son sol à la culture de lin fibre ? Peut-on limiter la pression de ravageurs ? Autant de questions rencontrées lors des formations Novalis Terra et sur lesquelles il est nécessaire d’être bien guidé.

Ajuster ses pratiques pour bénéficier au maximum des avantages du semis direct sur sa culture de lin fibre

Comme toute transition vers de nouveaux modèles culturaux, la culture de lin fibre en semis direct amène à revoir certaines de ses pratiques, permettant alors de bénéficier de nombreux avantages.

Pour que le lin soit riche en fibres, sa croissance doit être régulière. Or en semis direct la vitesse de pousse des plantes est plus lente et continue, la richesse en fibre du lin est donc meilleure.

Par ailleurs, le profil de terre n’étant pas travaillé, il y a peu de risque de créer un lissage du sol. La préservation des réserves hydriques permet de ne pas assécher le sol, ce qui assure non seulement une meilleure résistance des plantes à la sécheresse, mais également une croissance constante grâce à des conditions climatiques plus homogènes.

Avec une activité de micro-organismes présents dans le sol plus importante, le rouissage du lin sera plus rapide.

Enfin, bien que la gestion du désherbage puisse suivre des itinéraires classiques, les semis tardifs et le non-travail du sol limitent considérablement l’émergence d’adventices en semis direct. Dans des parcelles à faible pression, il n’est pas rare qu’un seul désherbage de rattrapage post-levée soit envisagé.

En contrepartie, certains points demanderont alors une vigilance plus particulière par rapport à des modèles de culture conventionnels.

Tout d’abord, la date du semis sera plus aléatoire. En effet, sans travail du sol le temps de ressuyage et le réchauffement du sol sont plus longs. Le semis ne pouvant se faire seulement lorsque ces conditions sont bien respectées, vous serez donc plus dépendant des aléas climatiques.

Il faut également bien avoir à l’esprit que le contact terre-graine n’est pas aussi optimum que lorsque l’on travaille le sol. Le taux de perte à la levée peut alors être un peu plus important. Pour compenser cette perte, la densité du semis devra donc être plus conséquente.

Ce type de culture demande par ailleurs d’avoir des terres bien nivelées, pour bénéficier de conditions d’arrachage optimales, avec une bonne structure de sol qui permettra une croissance racinaire régulière.

Enfin, il est important de veiller à soulever les nappes de lin plus régulièrement que sur des itinéraires conventionnels au moment du rouissage, afin d’éviter que les vers de terres – plus nombreux – ne tirent les fibres de lin dans le sol.

Structure de sol, taux de matière organique, couverts : les prérequis pour passer sa culture de lin en semis direct

Afin de dégager les meilleurs bénéfices dans votre culture de lin en semis direct, il est important de bien préparer la structure de votre sol, et ainsi construire des conditions de croissances optimum pour vos plantes.

Tout d’abord, si le nivellement de votre sol n’est pas suffisant il est important de le niveler superficiellement, après moisson et avant l’implantation du couvert. Par ailleurs, s’il présente des zones de compaction, un travail mécanique est indispensable l’été avant l’implantation des couverts. Le développement de l’interculture aidera à préserver et à améliorer la structure de votre sol. Pour le choix des couverts, deux possibilités s’offrent à vous. Vous pouvez installer un couvert long dans lequel vous veillerez à avoir des espèces peu ligneuses afin d’éviter les problèmes de résidus au moment du semis de lin. Privilégiez dans ce cas des couverts avec des résidus sombres, des légumineuses et implantez des plantes crucifères, là encore afin de stabiliser la structure du sol. La destruction de ce couvert long pourra être effectuée pendant l’hiver, par roulage lors de gelées. L’autre solution est d’implanter un couvert court rapide, après la moisson, et d’ensuite venir semer un couvert-relais à la mi-octobre avec une base de graminées que l’on viendra détruire juste avant le semis de lin.

Assurez-vous d’un taux de matière organique suffisant. Ce paramètre reste particulièrement valable pour les terres limoneuses, dont les taux de matière organique sont assez faibles, et dont les structures sont donc plus susceptibles de se reprendre en masse face aux divers événements climatiques.

Afin de restructurer le sol, de bonnes rotations de cultures en amont du semis sont très importantes. Privilégiez par exemple une implantation de lin derrière un blé de colza.

Ne semez que lorsque vos terres sont suffisamment ressuyées et réchauffées (plus de 10°C à 2 cm), ce qui implique généralement des semis début avril.

Veillez à bien fermer les lignes de semis. Le roulage derrière le semis est en effet vivement conseillé : cela permet de bien fermer des sillons, d’améliorer le contact terre-graine, de rappuyer les éventuelles mottes de terres pour mieux gérer les ravageurs et d’accélérer la dégradation du couvert et des pailles antérieures.

Gérez la fertilisation de vos sols. En effet, l’implantation d’un couvert antérieur entraîne une plus grande consommation d’azote au printemps. Sans travail du sol, il n’y a pas de combustion de la matière organique, et le relargage est donc faible. Il est donc impératif d’augmenter les apports d’azote au moment du semis de lin. L’application de solutions azotées doit se faire bien en amont de la date de semis du lin. Enfin, une fertilisation localisée sera un apport indéniable pour compenser le manque de minéralisation lors des phases juvéniles du lin.

Favoriser une croissance rapide du lin pour lutter efficacement contre les ravageurs

Les altises constituent une problématique sur la culture du lin. En effet, la présence de débris en surface peut favoriser leur développement et représenter une menace à la levée. Pour limiter la pression de ravageurs comme les altises ou les tipules, il est donc là encore indispensable de semer votre lin sur des terres bien réchauffés. Le semis après un couvert relais dans un couvert vivant peut être une solution pour limiter ces ravageurs.

Par ailleurs, les limaces peuvent constituer elles-aussi une menace pour les germes de lin. Si celles-ci sont peu friandes du lin en phase de croissance active, à des stades juvéniles, elles peuvent entrainer des dégâts conséquents. La bonne fermeture des lignes de semis permettra de limiter ces impacts.

Dans une gestion en semis direct, le lin fibre sera ainsi semé un peu plus tardivement que sur des itinéraires conventionnels. Il bénéficiera alors de conditions plus favorables, dans un sol suffisamment préparé, structuré et réchauffé, riche en matière organique, avec un taux d’humidité préservé et des températures plus chaudes. Ces facteurs mieux maîtrisés permettront ainsi d’assurer un environnement de croissance constant pour le lin, et donc un meilleur développement de la plante sur les mois de mai et juin, assurant un rendement plus riche en fibres.

L’environnement est un facteur déterminant pour une bonne croissance des cultures. Néanmoins ses composantes restent aléatoires (climat, qualité et composition du sol…). Ces conseils restent généralistes et doivent être adaptés selon chaque exploitation. Pour vous garantir une transition en semis direct optimale, Novalis Terra vous accompagne dans votre projet, avec une formation personnalisée selon vos cultures et l’environnement dans lequel elles évoluent.

Vous souhaitez vous aussi passer vos cultures en semis direct ou tout simplement en savoir plus sur le lin fibre ? Contactez-moi ici ou directement sur mon profil Twitter @PaulRobertAgo

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